Sujet d’exposé 13 : Pour ou contre les graffitis ?
Graffitis : Paris veut nettoyer les taggeurs en justice
La mairie a décidé de sévir contre un «fléau urbain» qui lui coûte 8 millions d’euros par an en nettoyage et alimente un «sentiment d’insécurité» : elle a saisi la justice après avoir réussi à identifier trois signatures dans le Ve arrondissement, quartier pilote de cette offensive judiciaire. Jusqu’à présent, un graffeur qui était pris en flagrant délit – cas rarissime – risquait une amende de 135 euros. «Mais comme on ne peut pas mettre un agent de police municipale derrière chaque auteur de ces incivilités, on a décidé de constituer, en lien avec le parquet de Paris, des dossiers pour pouvoir engager des poursuites» pénales, a expliqué mercredi Nicolas Nordman, l’adjoint à la sécurité, lors d’une conférence de presse. Les dossiers ont été constitués sur la base des signalements effectués par les habitants, dans l’application «Dans ma rue», et des constats effectués par les agents de la nouvelle police municipale.
Dans le Ve arrondissement, le seul concerné pour le moment par cette expérimentation, trois signatures ont été identifiées, renvoyant vraisemblablement à deux auteurs : Houtre et TFR d’un côté, responsables de «plus de 200 tags», Sery de l’autre, «plus de 350 tags» au compteur. Coût du nettoyage : 20 000 euros pour l’un, 35 000 pour l’autre. […] Selon le code pénal, ils risquent 3 750 euros d’amende et une peine de travail d’intérêt général « lorsqu’il n’en est résulté qu’un dommage léger ». Dans le cas contraire, deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Tout dépendra, donc, de la manière dont la justice appréciera le dommage. Mais la mairie compte sur l’effet dissuasif du passage en correctionnel. […] Le retrait de ces graffitis représente un « coût exorbitant pour les contribuables parisiens : 8 millions d’euros par an ». La tâche est confiée à des prestataires, sauf pour les nettoyages les plus complexes nécessitant l’intervention de nacelles ou la fermeture de voies. Quelque 70 agents sont affectés à la lutte contre cette «pollution visuelle», et les résultats sont là, affirme l’exécutif, soucieux de montrer qu’il a pris le sujet à bras-le-corps : 650 m² de tags enlevés chaque jour, soit l’équivalent d’un terrain de tennis […].
«Personne ne fait de confusion entre ce qui relève d’un tag et de l’art urbain» […] Dans le premier cas, on a affaire à des «délinquants multirécidivistes» qui «opèrent en toute impunité et partagent leurs “exploits” sur les réseaux sociaux». […] Rien à voir avec les « street artists », pour lesquels la municipalité a toujours eu une politique « bienveillante », leur offrant même des terrains d’expression dans « ces zones en transition » que sont les friches urbaines. […] Les tags constituent aussi une atteinte au patrimoine. […] En outre, « certains utilisent des produits nocifs, et les nettoyages répétés finissent par abîmer la pierre ».
D’après liberation.fr