En Grèce, des affrontements éclatent sur fond de violences policières
Des heurts ont eu lieu mardi soir dans une banlieue d’Athènes, en marge d’un rassemblement contre de récentes violences policières. Les manifestants dénoncent également le virage autoritaire du gouvernement conservateur.
Jusque tard cette nuit, les télévisions grecques ont diffusé en boucle mardi soir des images des violences qui se déroulaient à Néa Smyrni, en proche banlieue d’Athènes. En boucle, un policier à terre, le visage ensanglanté, que des manifestants auraient fait tomber de sa moto avant de le frapper, selon des témoins, ou encore des jeunes incendiant des poubelles… Sur les réseaux sociaux, les scènes filmées par les habitants montraient, elles, des policiers armés, qui ciblaient des manifestants, pénétraient dans des ateliers pour débusquer des occupants et matraquaient des jeunes en pleine rue. Sur une vidéo, un puissant «Allons les buter !» retentit même de la bouche d’un agent.
Virage autoritaire du gouvernement
La Grèce, confinée depuis le 7 novembre et soumise à un couvre-feu nocturne, s’est embrasée après un incident survenu dimanche après-midi. Alors que le soleil brille, lors d’un contrôle des mesures de confinement dans le quartier réputé calme de Néa Smyrni, à cinq kilomètres du centre de la capitale, des policiers infligent une amende à une famille assise sur un banc. Indignés, la famille et des passants protestent. Les violences qui éclatent sont filmées. Les vidéos deviennent virales sur le web. Elles montrent un jeune homme à terre frappé à coups de matraque en métal par un policier, en présence d’au moins trois autres agents. «J’ai mal», crie le jeune homme. Les passants exhortent les forces de l’ordre d’arrêter. En vain. Le principal policier incriminé a finalement été suspendu de ses fonctions.
En réponse, plusieurs milliers de personnes arborent sur les réseaux sociaux des bannières «ποναω» («j’ai mal», en grec) ou encore «EndPolicyBrutality». Ces mots font écho à l’inquiétude suscitée par le virage «autoritaire» du gouvernement Nouvelle Démocratie (ND, droite). Récemment, l’exécutif a voté une loi instaurant la police dans les universités grecques. […]
«Du jamais vu depuis la dictature des colonels»
C’est ce climat d’autorité renforcée et de violences répétées qu’entendaient dénoncer les manifestants mardi. Selon le journaliste grec Yannis Androulidakis, «il n’y a jamais eu autant de monde dans les rangs d’une manifestation à Néa Smyrni». Sauf que vers 19 heures, des violences ont éclaté quand environ 200 personnes cagoulées ont attaqué le commissariat de quartier. Dix policiers ont été blessés – dont trois étaient toujours hospitalisés mercredi – et 16 personnes arrêtées lors des heurts, selon un communiqué de la police.
D’après liberation.fr